Hologramme « in the air » - le début du commencement
Comme nous l’avons vu dans de précédents articles l’holographie sous sa forme pure se trouve aujourd’hui confronter à deux défis technologiques :
le premier est d’arriver à enregistrer des informations en trois dimensions dans une image, on parle ici d’un fichier capable de reproduire un objet ou un être vivant sous absolument tous les angles de vu, comme on pourrait le voir s’il était à côté de nous. On sait aujourd’hui le faire grâce au laser (voir notre article à ce sujet) bien que le process soit lourd et coûteux.
Le deuxième défi est d’arriver à créer une image sans aucun support pour la faire apparaître. À ce niveau-là nous en sommes aux balbutiements mais certains résultats ont d’ores et déjà été obtenus, qui laissent présager d’un futur assez proche dans lequel on verra apparaître les premiers vrais hologrammes comme ils nous sont présentés au cinéma depuis plus de 40 ans.
Une équipe de scientifiques japonais issue de la société Digital Nature Group, qui regroupe des chercheurs de l’université de Tsukuba, de l’université d’Utsunomiya, de l’institut de technologie de Nagoya et de l’université de Tokyo, a permis de se rapprocher d’une réalité tangible en créant un hologramme que l’on peut sentir. En utilisant un laser à pulsations ultra courtes (une pulsation tous les 1 million de milliardième de seconde) ils ont pu développer leur technologie « Fairy lights », capable de changer de forme quand on interagit physiquement avec elle.
Mais alors comment d'intangibles et si brèves pulsations peuvent-elles créer une sensation au toucher ?
Et bien entre ces intervalles extrêmement courts (connus sous le nom de femtosecondes) la technologie Fairy lights va ioniser l’air à un endroit spécifique ce qui va le transformer rapidement en plasma. Les éclats de plasma ne donnent par contre pas vraiment une sensation de toucher soyeux, en effet le docteur Yoichi Ochiai qui dirige les recherches sur cet hologramme "tactile" a déclaré que la sensation était plus proche de celle qu’on obtient en touchant du papier de verre.
Les bases de la technologie Fairy lights ne sont pas vraiment nouvelles. La société Aerial Burton Inc. (une société japonaise qui prétend avoir développé la première technologie pour créer et animer un laser plasma aérien) avait fait de même il y a quelques années. Cependant, le laser plasma de Burton avait un intervalle de pulsation d’une nanoseconde, ce qui est un million de fois plus lent que celui de la technologie Fairy lights. La conséquence en est que le plasma flottant de Burton était porteur d’une grande quantité d’énergie et de ce fait extrêmement chaud au toucher, pouvant provoquer une brûlure de la peau. Ainsi, bien qu’ils aient fait un remarquable démarrage, la technologie Burton n’est pas applicable, voire même dangereuse, pour la création d’un hologramme dit tactile.
En conséquence, la technologie laser au femtoseconde développée par le docteur Ochiai et son équipe réduit considérablement la quantité d’énergie nécessaire pour créer une image qui peut être touchée bien que la sensation ne soit pas encore optimale.
L’effet papier de verre comme il a été décrit n’est pas ce que l’on peut envisager comme quelque chose de possible pour une utilisation grand public, mais c’est néanmoins un grand pas en avant vers l’optimisation du potentiel de l'hologramme tactile.
Toutefois il faudra que Fairy lights ait plus à offrir qu’un simple changement de forme. Le toucher reste un sens élémentaire de l’être humain et il a toujours été indicateur d’une présence physique. C’est une chose d’interagir avec l’hologramme d’une personne à distance et une autre de pouvoir lui faire carrément un câlin.
Le potentiel interactif de la technologie Fairy lights hologramme laisse cependant présager d’innombrables applications du domaine du jeu vidéo à celui de la médecine. Sa caractéristique tactile devrait même lui permettre de s’insérer à terme dans notre quotidien. Toutefois nous n’en sommes pas encore là et le développement va prendre encore du temps. L’hologramme Fairy lights mesure pour l’instant 1 cm cube, mais le docteur Ochiai et son équipe assurent qu’ils pourront faire mieux prochainement et que les hologrammes interactifs feront bientôt partie de la vie de tous les jours.
Traduction de l’article publié par Dylan Furness
sur le site emerj.com le 29 novembre 2018
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